23 Mar « Moi aussi je serai poète »
William Chapman est né à Saint-François (maintenant Beauceville) le 13 décembre 1850. Son père, George William Chapman, marié Caroline Angers à Lévis en 1843, est arrivé en Beauce pendant la ruée vers l’or alors qu’il était officier militaire. La maison dans laquelle William Chapman a grandi se situe au 277 avenue Lambert à Beauceville. Une plaque commémorative en son honneur y a d’ailleurs été installée en 1941. Chapman demeurera à cette adresse jusqu’en 1862, avant de commencer son cours commercial au Collège de Lévis. Pendant ses études, il s’intéresse à la poésie et on lui reproche d’être souvent perdu dans ses pensées. On raconte, dans Le Monde illustré du 21 septembre 1889, qu’après avoir lu pour la première fois une œuvre de poésie en français, Chapman se serait dit :
« Moi aussi je serai poète »
Il s’inscrit ensuite en droit à l’Université Laval de Québec où il participe à son premier concours de poésie en 1873. Les Québecquoises, que Chapman publie en 1876, est l’un des premiers recueils de poésie canadiens-français. Il aurait peut-être pu être publié grâce aux revenus que Chapman aurait amassés dans le domaine de la prospection d’or en Beauce.
William Chapman travaille ensuite comme journaliste et traducteur dans les journaux La Patrie et La Minerve dans lesquels il publie des poèmes sous divers pseudonymes. Il publie en 1890 son recueil Les Feuilles d’érable que plusieurs considèrent comme une œuvre importante de la poésie francophone de 19e siècle. Celui-ci permet d’ailleurs au poète de remporter la médaille d’honneur au concours de l’Académie des palmiers à Paris en 1890.
À partir de 1893, Chapman se met à publier des articles plutôt méprisants sur un autre poète connu, Louis Fréchette, et l’accuse de plagiat. Leur rivalité fera couler beaucoup d’encre et nuira à la popularité de Chapman. En 1897, Chapman se voit contraint de démissionner de son poste dans la fonction publique après avoir écrit des articles négatifs sur les libéraux. Il enchaîne ensuite plusieurs emplois comme agent d’assurances, libraire, commis de secrétariat avant d’obtenir un poste de traducteur au Sénat. En 1904, il publie son recueil Les Aspirations; poésies canadiennes, pour lequel il est nommé Officier de l’Instruction Publique et il obtient le prix Archon-Despérouses décerné par l’Académie française. Il obtiendra à nouveau ce prix en 1910 pour Les Rayons du Nord.
En 1909, Chapman épouse la veuve de Louis Coursolles, Emma Gingras, mais le couple se sépare neuf mois plus tard. Le poète est obsédé par son besoin de reconnaissance à cette époque et travaille ardemment pour obtenir un prix Nobel et devenir chevalier de la Légion d’honneur. Son dernier recueil, Les Fleurs de givre, est publié en 1912 et lui vaut deux médailles et trois diplômes d’honneur à l’Académie des jeux floraux en France. Le comité du Nobel refuse toutefois de considérer Chapman pour un prix. Le poète espère ensuite que son Épopée canadienne lui permettra d’obtenir cette prestigieuse récompense, mais la Première Guerre mondiale l’empêchera de compléter cette œuvre.
William Chapman aura lutté plusieurs années contre l’alcoolisme et termine malheureusement sa vie dans la maladie et l’isolement. Il décède le 23 février 1917, laissant en héritage plusieurs poèmes remarquable dont L’Aurore boréale, Notre langue, La Forêt, À la Bretagne, Il neige, Le laboubeur et La Beauce. Le 3 juin 2010, une salle de réunion de la MRC à Beauceville est inaugurée à son nom.
Rédaction : Shaïna Turmel et Andréanne Couture
Révision : Paul-André Bernard
Sources
William Chapman, article d’André Garant publié sur le site de Patrimoine Beauceville
Chapman, William, article du Gouvernement du Québec, section du répertoire du patrimoine culturel du Québec
Chapman, William, Dictionnaire biographique du Canada
William Chapman (1850-1917) Poète, sur la plateforme Bilan du siècle de l’Université de Sherbrooke
Nous vous invitons aussi à écouter cet extrait du BaladoDécouverte du circuit patrimonial de la MRC Robert-Cliche