08 Mar Journée internationale de la femme : Madeleine Doyon-Ferland
Savez-vous l’histoire de la femme d’exception derrière le nom de la bibliothèque municipale de Beauceville ? La Journée internationale de la femme semble l’occasion parfaite pour vous faire découvrir davantage son parcours exceptionnel. Elle a su faire son chemin et exceller dans le domaine de la recherche folklorique à un moment où l’ensemble de la recherche universitaire était un secteur dominé par des hommes. Il serait irréaliste de penser pouvoir aborder dans un simple billet de blogue l’ensemble des accomplissements de cette grande dame du folklore beauceron, c’est pourquoi nous avons ajouté différents articles allant en profondeur dans l’historique de ses accomplissements dans la section des sources. Nous tenterons toutefois de retracer les éléments majeurs de sont parcours dans la suite de ce billet.
Madeleine Doyon-Ferland
Madeleine Doyon-Ferland est née à Beauceville le 12 mai 1912 et est la cadette d’une famille de 17 enfants. Ses parents sont Joseph Doyon (à Sigefroid) et Joséphine Poulin (à Joseph). Sa formation, qui inclut un passage à l’École normale de Beauceville, se fait dans plusieurs domaines, dont la médecine, la pédagogie, la philosophie, l’italien et l’allemand, et est couronnée par des prix prestigieux d’excellence. Elle obtient entre autres la médaille du Lieutenant-gouverneur du Québec en 1932 lors de son Baccalauréat en Art au Collège Jésus-Marie et celle du Gouverneur général du Canada en 1934. À partir de 1942, elle commence à enseigner à l’Université Laval comme chargée de cours et devient professeure d’ethnologie à partir de 1947. Parallèlement à cela, elle entreprend une maîtrise qu’elle complète en 1948 avant de débuter un doctorat. En raison de ses nombreux engagements et mandats d’enseignement, elle ne sera toutefois pas en mesure de terminer ses études doctorales. En 1955, Madeleine Doyon épouse le juge Philippe Ferland.
Madeleine Doyon-Ferland connaît une carrière professionnelle remplie de succès. Ses intérêts de recherche sont, entre autres, les pratiques traditionnelles au niveau du jeu, du chant, de la danse et du costume. La Beauce tient toujours une place spéciale dans ses recherches, mais elle se rend aussi en Ontario, au Manitoba et dans les Maritimes pour ses projets. En plus d’enseigner pendant plus de trente ans à l’Université Laval, elle est secrétaire des Archives de folklore entre 1945 et 1955. Madeleine Doyon-Ferland est également passionnée par la langue française et le théâtre et les témoignages parlent d’elle comme étant une excellente communicatrice lors de ses cours. Elle écrit aussi plusieurs textes et articles dont beaucoup sont publiés à La voix nationale sous le nom de Paulaine. Elle écrit aussi un chapitre complet dans Esquisses du Canada français sur les arts populaires. Au fil de sa grande carrière, Madeleine Doyon-Ferland est souvent invitée à participer à de nombreuses conférences et publie une trentaine d’études. Motivée à connaître et faire connaître davantage sa culture, elle influence l’évolution des Archives de folklore et les programmes d’étude sur la culture traditionnelle des francophones en Amérique du Nord.
Concernant la Beauce, Madeleine Doyon-Ferland publie entre autres des recherches sur le costume traditionnel et les dictons beaucerons reliés au temps des sucres. Elle est l’autrice de rapports publiés dans la collection des Archives de Folklore et le Journal of American Folklore ainsi que d’enquêtes terrain publiées recueillant des techniques, dont « La fabrication de la potasse au Canada et spécialement à Saint-François-de-Beauce » et « La récolte de la gomme dans la Beauce ».Elle crée des dessins en 1946 des costumes traditionnels et qui seront reproduits en format carte postale par la Maison La photogravure limitée. L’image accompagnant cet article est un exemple de l’une de ces cartes postales.
Elle décède en janvier 1978, mais laisse derrière elle un riche héritage, particulièrement au niveau des connaissances traditionnelles concernant la Beauce. Le fonds de Madeleine Doyon-Ferland aux Archives de folklore et d’ethnologie de l’Université Laval témoigne d’une chercheuse rigoureuse et passionnée dont le travail a beaucoup rayonné dans le domaine du folklore.
Rédaction : Danaé Vallières
Révision : Andréanne Couture, directrice-archiviste
Sources
« Pionnières méconnues : Madeleine Doyon-Ferland et Simonne Voyer aux Archives de folklore de l’Université Laval » par Jocelyne Mathieu, 2001, Le Cahier des dix, Numéro 55, p. 27-52.
« Une femme dans un monde d’hommes : Madeleine Doyon aux Archives de folklore de l’Université Laval » par Jocelyne Mathieu, 2004, Ethnologies, Volume 26 : Numéro 2, p. 57-78.
« Madeleine Doyon-Ferland », article par André Garant, Patrimoine Beauceville
« Madeleine Doyon-Ferland, sa vie professionnelle », article de René-Claude Grenon, Chroniques beauceronnes
« La création de costumes régionaux au Québec : entre marché touristique, mode et quête identitaire », article de Nathalie Hamel dans l’ouvrage Les costumes régionaux : Entre mémoire et histoire écrit sous la direction de Jean-Pierre Lethuillier en 2009 : p. 467-478.