24 Jan Dossier du Couvent de Saint-Gédéon : Appui de la Société du patrimoine des Beaucerons
SPB et lanceurs d’alerte
La Société du patrimoine des Beaucerons ne peut que soutenir tous ceux qui s’investissent en paroles ou en actes dans la sauvegarde du couvent de Saint-Gédéon en Beauce-Sartigan.
La SPB veut remercier, en premier lieu, madame Sophie Quirion, lanceuse d’alerte, qui a été suivie par d’autres, tels messieurs Jean-François Nadeau et Pierre Lahoud, deux historiens. Tout comme madame Quirion, le premier, dans Le Devoir, et le second, dans Le Soleil, ont souligné la beauté et la valeur exceptionnelles du bâtiment et de son site ainsi que son utilisation exemplaire, puisqu’il a permis à divers organismes d’y trouver leur place, dont un CLSC. Mais, en dépit de cette exemplarité, son sort demeure des plus incertains.
Péril en la demeure
Les propos des lanceurs d’alerte sont instructifs et leurs alarmes sont justifiées, surtout après la démolition de centaines de maisons d’intérêt à la suite des inondations de 2019 dans la vallée de la Chaudière, après aussi l’incendie du manoir Taschereau à Sainte-Marie, élément architectural emblématique de la région, perdu à jamais. D’ailleurs, il est loin le temps où les sentinelles pourront quitter leur guérite. Bientôt, on le sait déjà dans certaines de nos localités et à travers tout le Québec, nombre d’églises et de presbytères, par exemple, devront être reconvertis, sans quoi ils seront démolis. Tout ne pouvant être sauvé, la sélection sera déchirante.
Vu cette indéniable perspective, il est plus que temps d’approfondir la réflexion, de former des groupes de discussion, de chercher des soutiens, de lancer des actions. Certains bâtiments, tels celui de Saint-Gédéon, sont hautement représentatifs. Ce sont des signatures, des points de repère spatiaux, temporels et identitaires, des berceaux de notre histoire. Peut-on, sans réagir, permettre l’abandon, la destruction ou, sans conditions sérieuses, la vente de lieux significatifs et occulter ainsi la trace des fondateurs de nos communautés, l’héritage de nos ancêtres à qui nous sommes tous redevables ?
Dispositions légales
La Loi sur le patrimoine culturel vient secourir ceux qui veulent œuvrer à la sauvegarde du patrimoine, ce qui inclut les individus, les municipalités locales, les MRC et, bien sûr, le gouvernement lui-même. En fait, il suffit d’une personne pour enclencher le processus. Le ministère de la Culture et des Communications a d’ailleurs publié un guide qui permet de procéder méthodiquement, légalement et, donc, d’éviter les impasses. Il indique, par exemple, les étapes à franchir pour en arriver à la citation ou au classement d’un bien patrimonial ou à la déclaration d’un site important, et ce, afin de le protéger, ce qui comprend la création d’un comité consultatif local d’au moins trois personnes, dont un élu. Que l’objet visé soit inventorié ne suffit donc pas et n’empêche rien.
Perspectives
Saint-Gédéon est un village. Ses moyens sont certainement limités et le défi est de taille, mais des résidents et d’autres Beaucerons sont, avec raison, sensibles au sort du couvent et très inquiets de son avenir. Ce souci financier ainsi que cette sensibilité et cette préoccupation doivent, dans le meilleur des cas, se manifester de façon organisée auprès d’élus municipaux réceptifs qui pourront normalement compter sur le soutien de leur MRC, du ministère de la Culture et des Communications et, plus particulièrement, de leur député provincial, monsieur Samuel Poulin, nommé adjoint parlementaire du Ministre.
Saint-Gédéon est le gardien d’un trésor. Ce joyau témoigne de l’histoire de l’endroit, mais aussi de toute la Beauce. Nous avons un devoir de mémoire. Nous avons à choisir entre le devoir d’assurer sa pérennité et l’oubli collectif, l’effacement, l’annulation.
Texte de Paul-André Bernard, président de la Société du patrimoine des Beaucerons